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Les t-shirts québécois fabriqués en Chine

Il y a sept ou huit ans environ, je tentais de décrocher un alléchant mandat de trente mille t-shirts (quantité qui ne court pas les rues sur le marché de l’article promotionnel Québecois). Destinés à une campagne de levée de fonds, les produits étaient vendus dans un réseau à travers le Québec. L’organisme mandataire avait comme principale exigence que le produit soit fabriqué localement.

Notre proposition bien que compétitive fût rejetée; nos prix étaient de façon marquée beaucoup plus élevés que ceux de l’entreprise retenue pour réaliser le mandat. En discutant avec le responsable de l’appel d’offre j’apprends que le prix du compétiteur est moins élevé que mon coûtant pour la matière première… en d’autres mots, il vend au client le produit imprimé incluant sa marge de profit en bas du prix que je paie le t-shirt sans impression. On parle ici d’une différence d’environ 30 à 40%. W2 est régulièrement confronté à des compétiteurs agressifs au niveau du prix. Face à notre expertise inégalée, ces derniers n’ont souvent qu’une seule arme pour nous déloger d’un mandat… couper et recouper dans leurs marges. Dans le cas des 30 000 t-shirts, on parle ici d’un prix en bas du coûtant… désolé mais je connais très peu d’entreprises qui puissent se permettre de payer pour faire un commande aussi importante.

Un peu naïf à cette époque je m’expliquais mal comment un t-shirt québécois peut être réalisé à si bas prix… j’ai rapidement compris lorsque sans le savoir, ce compétiteur a demandé quelques jours plus tard, à un de mes fournisseurs une soumission pour changer 30 000 étiquettes sur un lot de t-shirts. Difficile à prouver mais tout laisse croire que les t-shirts étaient importés, maquillés et présentés comme des vêtements fabriqués localement.

Je demandais tout dernièrement à un fabriquant de vêtements québécois destinés au marché de la communication par l’objet s’il était confronté à ce type de situation. Sans hésiter sa réponse fût: «régulièrement». Il m’a fait part du fait que certains fabriquants importent des t-shirts avec les cols et le bas non cousus. Une fois arrivés au Québec, il ne leur reste plus qu’à faire un minimum de confection et d’apposer une étiquette de fabrication canadienne. Il est par la suite très difficile de démontrer que le produit est à un très haut pourcentage fabriqué à l’étranger.

La hausse fulgurante du prix du coton que nous vivons actuellement n’arrangera sûrement pas les choses. Face à la réticence des clients à payer plus cher leurs vêtements promotionnels, certaines entreprises acculées au pied du mur seront en instinct de survie, et risquent de faire passer l’argent avant l’éthique.

Les principaux responsables sont certe les fournisseurs et les distributeurs, mais une part de la responsabilité revient à l’acheteur. Il aura le choix de fermer les yeux lorsque le produit lui sera présenté comme étant local mais à un prix illogique, ou bien de questionner le fournisseur et s’assurer de l’origine réelle du produit.

Un calcul fort simple… quand le t-shirt est vendu moins cher que le prix du tissus au mètrage et qu’il faut un mètre pour confectionner un t-shirt, inutile d’être un grand mathématicien pour comprendre que le produit ne peut être fabriqué au Québec.